Contexte et vision de l’ongd Oui nous pouvons

Contexte et justification de l'ongd Oui nous pouvons

La population de la Salonga en général et celle de Monkoto en particulier ressemble aujourd’hui à une population meurtrie et abandonnée à son propre sort.  Elle qui avait connu quelques années de prospérité jusqu’à 1970 (date de la création du Parc National de la Salonga),  ou voire cinq après vers l’année  1975. C’est une  époque  très mouvementée, pleine d’espoirs  à-propos d’un lendemain meilleur et caractérisée par les réalités ci-après:

  • Une activité agricole intense avec l’encadrement des moniteurs agronomes de l’Etat, spécialement sur les différentes cultures dont  le  café, l’hévéa et tant d’autres ;
  • L’arrivée des bateaux ONATRA (actuellement Société Congolaise des Transports et Ports en sigle SCTP) au moins 2 fois par mois permettant l’évacuation des productions agricoles ;
  • L’organisation des campagnes agricoles régulières d’achat de café par Office Zaïrois du Café en sigle l’OZACAF (l’actuel Office National du Café en sigle ONC) ;
  • Les activités des Sociétés CULTURES ZAIROISES, ENTRIAC et SOCOPLAN où l’on retrouvait les plantations du café et des palmiers pour l’extraction des huiles de palmes et l’élevage des bovins, et qui constituaient des véritables micro-pôles de développement ;
  • La présence des missionnaires catholiques à Wafanya et à Lombolombo qui assuraient l’approvisionnement en produits pharmaceutiques et autres produits manufacturiers ;
  • La présence presque permanente de l’Office de Route et des cantonniers pour l’entretien des routes, des ponts et des bacs pour une meilleure exploitation des voies routières, particulièrement les années où Papa Engulu Banga-Mpongo fut Ministre des Travaux Publics ;
  • Les écoles, spécialement conventionnés catholiques et protestantes, avec des enseignants qualifiés et des infrastructures adéquates ;
  • Les fonctionnaires de l’Etat qui étaient correctement et régulièrement rémunérés ;
  • Les assurances scolaires ;

Il s’agissait bel et bien de l’époque de Monkoto ville «  Monkoto Nsoso aleli ».

Peu à peu, du fait de la non réalisation du décollage économique du pays dans le cadre des objectifs de l’an 1980 du MPR-Parti Etat et la crise économique qui a suivi du fait de la chute des matières premières, spécialement le cuivre de la Gécamines qui faisait vivre toute l’Economie Zaïroise, la mauvaise gestion des entreprises publiques et  des sociétés cédées aux Zaïrois par le fait de la zaïrianisation, ont été les faits marquant de la descente aux enfers des populations congolaises en générale et de la Tshuapa et de Monkoto en particulier.

Vers les années 1983, la souffrance de la population avait atteint un niveau insupportable au point qu’elle est arrivée à céder à la pression pour se lancer à un braconnage presque généralisé. C’était  pour elle un retour vers son patrimoine  spolié sans indemnisation en vue d’assurer sa survie. Ce braconnage ayant bénéficié des appuis de certains chefs militaires et hommes forts de la deuxième République, les conséquences ont été incalculables : les bêtes abattues en masses et en  désordres, l’insécurité généralisée pour les personnes et leurs biens, le détournement la jeunesse de l’école augmentant les nombres des analphabètes, pour certains le financement des études des enfants par l’argent du braconnage, découragement de l’agriculture et de l’élevage, la circulation incontrôlée des armes de guerre et des minutions, etc.

La répression de ce braconnage par les Autorités de Kinshasa qui avait envoyé plus d’un bataillon des commandos était sanglant au mépris de toutes de règles des droits de l’homme. Certaines personnes en portent les marques  et les cicatrices jusqu’à ce jour.

Tous les privilèges de la belle époque ont commencé à disparaitre l’un après l’autre, jusqu’à ne rester que des simples récits historiques.

L’arrivée de l’AFDL  et de celle  des Hutu  Rwandais en 1997 qui  fuyaient la vengeance Tutsi, n’a fait qu’aggraver la situation économico-sociale de Monkoto. Pendant ces moments, il a été enregistré des nombreux pillages et des destructions perpétrés soit par les Rwandais, ou soit par l’armée congolaise ou par les militaires de l’AFDL. C’est précisément à cette époque que les quelques plantations qui restaient ont été pillées : les maisons, les usines, les vaches, canards et poules, … ; ce, les villages y compris.

Il s’en est suivi de la dégradation de l’état des routes, des ponts et des bacs par défaut des entretiens. Les routes sont devenues impraticables et donc l’impossibilité d’écouler les productions agricoles, d’où la paupérisation de cette population.

La seule voie de communication restée et permettant l’évacuation des productions agricoles étant la voies fluviale, ce donc à ses risques et périls car s’effectuant par les pirogues raccordées en sorte des convois. Que des naufrages ont été enregistrés causant morts d’hommes et des pertes des marchandises !

L’agriculture continue à  constituer  la seule activité principale suivie par  la chasse,  la pêche,  l’écopage et le ramassage de chenilles et la cueillette. L’élevage de petit bétail est pratiqué par un nombre réduit de ménages. Les activités commerciales sont fortement contraintes par l’enclavement de la zone.

La chasse de gibier constituait une source majeure de viande pour la population. Le gibier est devenu rare sur le marché depuis que la chasse a été interdite par l’Institut Congolais pour  la Conservation de la Nature(ICCN) sans toute des alternatives en guise de compensation soient fournies. Il y a à rappeler que la population de la Salonga n’a jamais été indemnisée depuis la création de ce Parc au mépris des dispositions constitutionnelles en la matière.

Le FAO a réalisé une évaluation de la sécurité alimentaire dans l’ancien district de la Tshuapa en général et dans la zone de Monkoto en particulier, en septembre 2007. De cette étude, il ressort «  que près de 80% des populations rurales sont constituées  de ménages  très paupérisés, fragilisés par l’enclavement et qui ont du mal à vendre les produits de leurs champs. Ils doivent faire face aux coûts élevés de scolarisation et de soins de santé, par rapport à leurs maigres revenus ».

Le tableau de la situation économico-sociale de notre population est donc très sombre.

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